Reprendre notre bien aux autres arts ou les rivalités mallarméennes

Abstract

This article addresses the question of rivalry understood as a creative impulse of Mallarmé’s writing in search of poetic identity conceived in terms of surpassing and domination. The discussion with different fields of art and thought and their representatives remains consistent with the intention of taking back what should belong to poetry. The analysis of Mallarmé’s selected texts focuses on the confrontation of poetry with philosophy, the aspirations of poetry to replace religious worship, the rivalry of poetry with music and the attitude of confrontation with painting. The rivalry with philosophy means taking up a philosophical gesture: through his literary experience, Mallarmé (over)comes decisive moments in the views of some philosophers. The confrontation with religion refers to poetry’s aspirations to establish itself as a modern cult. Poetry’s rivalry with music leads to a critique of verbal instrumentation and Wagnerism while approving the scriptural approach to the art of sounds. The dialogue with Impressionism leads Mallarmé to borrow pictorial technique and to reflect on the representation of reality in the face of the popularity of naturalism.

Cet article aborde la question de la rivalité, comprise comme un élan créatif de l’écriture mallarméenne qui recherche son identité poétique conçue en termes de dépassement et de domination. Le dialogue avec différents domaines de l’art et de la pensée ainsi qu’avec les représentants de ceux-ci s’inscrit dans la volonté de leur reprendre ce qui devrait appartenir à la poésie. L’évocation des idées clés de l’esthétique de Mallarmé et l’analyse de quelques-uns de ses textes offrent une synthèse sur le thème de la confrontation de la poésie avec quatre domaines : philosophie, religion, musique et peinture. La rivalité avec la philosophie consiste à reprendre un geste philosophique : à travers son expérience littéraire, Mallarmé (dé)passe des moments décisifs dans le parcours de quelques philosophes. La confrontation avec la religion renvoie aux aspirations de la poésie à s’ériger en culte moderne. La rivalité de la poésie avec la musique débouche sur une critique de l’instrumentation verbale et du wagnérisme tout en approuvant l’approche scripturale de l’art des sons. Le dialogue avec l’impressionnisme amène Mallarmé à emprunter la technique picturale et à réfléchir sur la représentation du réel face à la popularité du naturalisme.